Assis sur le fauteuil, j'attrapai un crayon qui traînait sur la table du bout de mes doigts. J'observai attentivement ma feuille blanche, cherchant une source d'inspiration. La première chose, enfin personne, qui me vint à l'esprit fut Lydie, je rejetai aussitôt cette idée et focalisai mes pensées sur le fauteuil d'en face. Je ne voyais pas vraiment ce que je pouvais dessiner mais il fallait que je me détende. Je décidai alors d'y aller au feeling, je laissai mon crayon caressait la page vierge. Les minutes passèrent, je ne prêtai plus vraiment attention à ce qui m'entourait, complètement absorbé par le croquis que j'avais sous les yeux. Je n'entendis les nombreux coups frappés à la porte que tardivement, je me levai lentement et allai ouvrir. Je me demandai qui pouvait bien me rendre visite un jeudi après-midi. La réponse ne se fit pas attendre, c'était Lydie. Je doutais sérieusement qu'elle soit venue me voir, ma réaction fut instinctive « Chanelle n'est pas là. ». Elle me regarda étrangement, je me demandai ce à quoi elle pouvait bien penser. Peut-être à notre baiser... Non, j'en doutais, elle n'avait eu l'air de vraiment apprécier et puis si elle préférait que l'on oublie, autant oublier. Je la regardai attentivement, puis, je me ressaisis, remarquant que je la dévorai presque des yeux. Cependant, elle ne sembla pas le remarquer.

Cela faisait maintenant une bonne demi-heure que j'étais assise sur l'un des bancs du parc d'Anchorage. Après une longue journée de travail, c'est l'un des endroits dans lesquels j'aime m'arrêter quelques minutes avant de rentrer chez moi. Le calme qui y règne, malgré les nombreux habitants qui s'y promènent, me permettait de réfléchir. Et ces derniers temps, j'en avais grandement besoin. Les récents évènements méritaient un tant soit peu d'attention de ma part. En effet, depuis plusieurs jours, je m'étais surprise à penser de nombreuses fois au baiser que Thomas et moi avions échangé. D'habitude, je ne suis pas du genre à faire toute une histoire pour un simple baiser mais le seul fait que celui-ci venait de lui changeait tout. D'ailleurs, en parlant de Thomas, je me rappelai que je devais absolument passer à son appartement pour y récupérer une veste que j'avais oublié. Cela dit, ça ne m'enchantait pas vraiment de me retrouver face à lui. Mais de toute façon, l'éviter n'était certainement pas la meilleure des idées et de toute façon, même si je l'avais voulu, je ne suis pas sûre que j'aurais pu le faire toute ma vie. C'est donc d'un pas décidé que je me levai du banc et pris la direction de l'appartement de Chanelle et Thomas.

Quelques minutes plus tard, je me trouvai enfin devant la porte de l'appartement. Hésitant pendant un bref moment, je frappai tout de même et attendis que quelqu'un daigne venir m'ouvrir. Cependant, la réponse tardait à venir et ce ne fut qu'au bout d'un énième coup frappé à la porte, que celle-ci s'ouvrit sur... Thomas. « Chanelle n'est pas là. » En le voyant, je fus envahie par un sentiment de gêne mais j'essayais tant bien que mal de ne rien laisser paraître. Il fallait que je fasse comme si rien ne s'était passé. « On ne t'a jamais appris à dire bonjour, Wellington ?! Puis qui te dit que je suis venue voir Chanelle ? Je suis peut-être venue te voir, toi. » Le ton que j'avais utilisé était plutôt ironique. Il est évident qu'il était la dernière personne que je voulais voir à cet instant. « Non, plus sérieusement, je suis venue récupérer la veste que j'ai oublié la dernière fois. Tu ne saurais pas où Chanelle l'a rangé par hasard ? »

Je continuai de la regarder, elle avait l'air de chercher sa réponse. Elle en trouva finalement une, désagréable. Cette fille avait le don pour refroidir l'ambiance. « On ne t'a jamais appris à dire bonjour, Wellington ?! Puis qui te dit que je suis venue voir Chanelle ? Je suis peut-être venue te voir, toi. » Je ne prêtais même plus attention à son ironie, après tout, je faisais pareil. Je fis semblant de n'avoir rien entendu et elle poursuivit. « Non, plus sérieusement, je suis venue récupérer la veste que j'ai oublié la dernière fois. Tu ne saurais pas où Chanelle l'a rangé par hasard ? » À vrai dire, je n'en savais rien mais si je lui disais, elle partirait et je n'avais pas envie qu'elle s'en aille aussi rapidement. De la compagnie, ça ne fait pas de mal. « Oh Blackhood, toi, oublier quelque chose ? Je suis étonné. Par bonheur, tu tombes dans un de mes jours de gentillesse, je te conseille d'aller voir dans la cuisine. Sait-on jamais... » Je n'avais absolument aucune idée de si sa veste se trouvait dans la cuisine ou non mais en revanche, je savais que je l'avais pas vue dans les autres pièce. Si ça se trouve, elle ne l'avait même pas oublier sa veste, c'était juste une excuse pour me voir. Je me pinçai l'arrête du nez, fermai les yeux et me ressaisis, non sérieusement, j'avais vraiment tendance à penser n'importe quoi lorsque Lydie était dans les parages. Il fallait que cela cesse. Au plus vite...

Je ne la suivis pas dans la cuisine, préférant retourner dessiner sur le fauteuil. De toute manière si elle avait un truc à me dire, elle l'aurait sûrement fait depuis longtemps. À part si elle était mal à l'aise... J'eus soudain envie de tenter quelque chose mais je me retins. Je ne voulais pas qu'elle pense que je m'entichais d'elle. C'est vrai quoi, elle commencerait à se faire des films genre je l'aime, je peux pas me passer d'elle et tout le blabla, alors que c'est complètement faux. Ouais c'est faux. Enfin je crois que c'est faux.

Elle revînt de la cuisine, s'immobilisa devant moi et me regarda droit dans les yeux en tenant fermement sa veste dans sa main. Je la regardai à mon tour, en haussant les sourcils. Il ne me semblait pas avoir fait quelque chose de mal, je me demandai ce qui n'allait pas. Au moins, elle avait retrouver sa veste, j'étais vraiment très fort. Avoir deviner où elle se trouvait sans même avoir mis un pied dans la pièce. Ah, je m'épaterais toujours. Son regard commençait vraiment à me perturber.

Je n'avais qu'une seule envie, celle de partir le plus vite possible. Si Chanelle avait été présente, le fait que Thomas soit là ne m'aurait pas vraiment poser de problème car j'étais sûre et certaine qu'il ne voudrait pas parler de ce qu'il s'était passé devant quelqu'un d'autre. Cependant, ce n'était pas le cas et me retrouver seule avec lui était certainement la chose que je redoutais le plus en me rendant à leur appartement. « Oh Blackhood, toi, oublier quelque chose ? Je suis étonné. Par bonheur, tu tombes dans un de mes jours de gentillesse, je te conseille d'aller voir dans la cuisine. Sait-on jamais... » Un petit sourire se dessina sur mon visage. A vrai dire, et j'ignore pourquoi, ce qu'il venait de me répondre me faisait bien marrer et je fus d'ailleurs obligée de me mordiller la lèvre pour ne pas exploser de rire. Mais allez savoir pourquoi je fus soudainement prise par cette envie de rire... C'était peut-être le fait qu'il se disait "être dans un de ses jours de gentillesse" ou alors le fait qu'il dise qu'il y avait des chances que ma veste se trouve dans la cuisine car c'était surement le dernier endroit où je serais allée la chercher. Je m'abstenais tout de même de lui répondre et me dirigeai vers la cuisine.

Une fois dans la cuisine, je fus étonnée de voir ma veste posée sur l'une des chaises. Comment s'était-elle retrouvée dans la cuisine ? Connaissant Chanelle, elle l'aurait certainement rangé dans un endroit où elle était sûre qu'elle ne risquait pas d'être tachée ou déchirée. Or, la cuisine n'est pas l'endroit le plus approprié pour ranger des vêtements. Quoique, ce n'était pas important. Tout ce qui comptait, c'était que j'avais retrouvé ma veste. Je l'attrapai donc d'un geste rapide et restai, quelques instants, immobile dans la pièce. Pourquoi fallait-il toujours que ce baiser me revienne en tête ? Après tout, ce n'était qu'un baiser. Raaah... et pourquoi avait-il fallu que ce mec m'embrasse ? Je préférais encore quand il passait son temps à me faire chier. Oh et puis mince, si je voulais régler cette histoire, je me devais d'aller mettre tout ça au clair. C'est donc d'un pas décidé que je sortis de la cuisine.

Quand je fus dans la pièce principale, je vis Thomas assis sur l'un des fauteuils. Je me dirigeai donc vers lui et me stoppai une fois que je fus face à lui. Ensuite, je le regardai dans les yeux et soupirai un bon coup. « Euh... Thomas !? Je voulais te demander quelque chose... » Je m'apprêtai à continuer, cependant, après avoir réfléchis pendant un bref moment, je pris la décision de me défiler. Pourquoi ? Tout simplement parce que, le connaissant, il allait surement croire que j'avais des sentiments pour lui, surtout si c'est moi qui remettais cette histoire sur le tapis. Or ce n'était pas le cas, je ne suis pas amoureuse de ce mec. Il est arrogant, énervant, imbuvable, atteint de crétinisme aigu et... horriblement beau. Je le déteste u_u' « Quoique non, laisse tomber. J'y vais ! Tu as surement beaucoup de choses à faire. J'vais pas t'ennuyer plus longtemps. »

Elle finit par briser le silence qui s'était installé entre nous. J'avais attendu patiemment qu'elle parle, préférant me taire plutôt que de dire quelque chose qui la ferait partir. « Euh... Thomas !? Je voulais te demander quelque chose... » Je fus tellement étonné lorsque je l'entendis prononcer mon prénom et pas mon nom que j'eus du mal à discerner la fin de sa phrase. Elle voulait me demander quelque chose... Cela concernait-il le baiser ? Non, je doutais qu'elle y pense encore. Je m'apprêtai à lui demander de quoi elle voulait me parler lorsque je vis son visage se tordre en une grimace de dégoût. « Quoique non, laisse tomber. J'y vais ! Tu as surement beaucoup de choses à faire. J'vais pas t'ennuyer plus longtemps. » M'ennuyer ? Ah quelle bonne blague, si seulement elle savait. Je n'arrivais pas vraiment à mettre au clair les sentiments que je ressentais pour Lydie. Je l'aimais plus qu'une amie, j'en étais certain, mais il m'arrivait souvent de penser cela d'une fille alors qu'en vérité c'était juste une très forte amitié. Mais nous n'étions pas vraiment amis elle et moi, enfin, on ne le montrait pas. Oui, décidément, c'était plus que de l'amitié. Lorsqu'elle prononça sa dernière réplique, cela me fit l'effet d'une douche froide. Avait-elle vraiment l'impression que je n'étais qu'un "bad boy" et que je me fichai totalement d'elle et de ce qu'elle ressentait ? Pensait-elle que j'allais me moquer d'elle ? Non, mauvais exemple, j'en serais capable, juste pour faire semblant que ce qu'elle me disait ne m'atteignait pas, que ce qu'elle pensait de moi m'était égal. Mais même si je lui disais, je ne le penserai pas. « Aurais-tu peur de m'affronter Blackhood ? Aurais-tu peur que je... me moque ? » Ma bouche s'étira en un sourire que je voulais ironique, mais ce fut plutôt un sourire triste qui s'afficha sur mon visage. Je me décevais, en fait, c'était moi qui avais peur de l'affronter. Je préférais me protéger avec des mots, tous plus blessants les uns que les autres. À peine que ma réponse sortit de ma bouche, je voulus la ravaler. C'était bien trop tard. Le mal était fait... J'espérai juste qu'elle comprendrait que je ne le pensai pas, qu'elle comprenne qu'elle pourra toujours me dire, que je serais à l'écoute. Mais c'est vrai que, vu comme ça, c'est pas évident à comprendre. Je décidai donc de rattraper la situation du mieux que je pouvais. « Excuse-moi Lydie, sincèrement, je suis juste... préoccupé par... Oh tu te doutes bien de quoi je veux parler. » Pas très concluant comme tentative de rattrapage... J'enfouis mon visage dans mes mains, essayant de me rafraîchir les idées. Je priai pour arrêter de dire n'importe quoi.

Je savais qu'après avoir entendu ma dernière réplique, il allait surement penser que c'était du baiser dont j'étais venue lui parler. Cependant, je n'étais finalement pas prête à en parler avec lui. Après tout, je voulais oublier et en parler ne m'y aiderait pas. Il y a longtemps que je me suis jurée de ne plus tomber amoureuse d'un mec et surtout pas d'un mec comme Thomas. Il passe une grande partie de son temps à me taquiner ou me vanner. Puis il faut dire que nous n'entretenons pas une super relation tous les deux. Pour moi, ce baiser ne signifiait rien, du moins c'est l'impression que me donnait Thomas. A le regarder, j'avais presque l'impression qu'il avait oublié. Après tout, nous sommes loin d'être proches tous les deux. Nous passons notre temps à nous envoyer bouler alors pourquoi ce baiser signifierait-il quelque chose ? Il cherchait certainement à me déstabiliser ou à me faire chier comme à son habitude.

« Aurais-tu peur de m'affronter Blackhood ? Aurais-tu peur que je... me moque ? » A l'entente de sa phrase, je regrettais déjà d'être venue lui parler. Quand je vous disais que ce mec était un crétin, je n'exagérais aucunement... u_u' Je poussai donc un nouveau soupir mais d'exaspération cette fois et levai les yeux au ciel. C'était bien la peine de faire des efforts pour venir lui parler. Bon, c'est vrai que je m'étais défilée au dernier moment mais pour moi le seul fait d'avoir essayé était déjà un effort. Je ne répondis rien à sa phrase et m'apprêtai à partir. « Excuse-moi Lydie, sincèrement, je suis juste... préoccupé par... Oh tu te doutes bien de quoi je veux parler. » Je me stoppai net dans mon élan de fuite. Étonnée ? Non, choquée serait le mot exact. Oui, j'étais choquée. Le grand Thomas Wellington venait de me faire des excuses. Alleluia ! Je le regardai donc, cherchant à savoir si il ne se foutait pas de moi. J'y étais tellement habituée que maintenant il me suffisait juste de le regarder pendant un bref moment pour savoir si il était sérieux ou non. Si je savais de quoi il voulait parler ? Évidemment... Je croisai alors mes bras sur la poitrine et le regardai de nouveau. Il faut dire que j'étais un peu désespérée par son comportement. « Préoccupé ? Tu es préoccupé, toi ? Et pourquoi te préoccupe-t-il autant ce baiser ? Au cas ou tu l'aurais oublié, c'est toi qui m'a embrassé et non le contraire. C'est moi qui devrais être préoccupée. D'ailleurs, je le suis et pas qu'un peu. Mais peut-être que tu pourrais me dire pourquoi tu m'as embrassé. Cela faisait un moment que tu n'avais pas eu la chance de séduire une jeune femme alors tu t'es rabattu sur moi, c'est ça ?! Ou attend, c'était une façon à toi de me faire chier. A vrai dire je pencherais plus pour cette solution car c'est bien dans tes habitudes de m'emmerder. » Des fois, je maudis cette sale manie que j'ai de dire tout haut ce que je pense. Un jour, elle me perdra... Il fallait sérieusement que je me calme. D'ailleurs, je devrais peut-être me mettre au yoga, il parait que c'est très efficace. Je soupirai encore une fois, pour ne pas changer, et baissai la tête. « Désolé... » A cet instant, il devait surement me prendre pour une folle et je le comprend vu le petit monologue que je venais de faire.

J'avais bien raison, mes tentatives étaient médiocre. Je le compris lorsqu'elle partir au quart de tour me balançant toutes mes vérités en face. Toutes ces vérités, plus blessante les unes que les autres. « Préoccupé ? Tu es préoccupé, toi ? Et pourquoi te préoccupe-t-il autant ce baiser ? Au cas ou tu l'aurais oublié, c'est toi qui m'a embrassé et non le contraire. C'est moi qui devrais être préoccupée. D'ailleurs, je le suis et pas qu'un peu. Mais peut-être que tu pourrais me dire pourquoi tu m'as embrassé. Cela faisait un moment que tu n'avais pas eu la chance de séduire une jeune femme alors tu t'es rabattu sur moi, c'est ça ?! Ou attend, c'était une façon à toi de me faire chier. A vrai dire je pencherais plus pour cette solution car c'est bien dans tes habitudes de m'emmerder. » J'étais complètement abasourdi par ce qu'elle venait de me dire. C'était absolument tout ce que j'avais essayer de nier depuis plusieurs années, tout ce à quoi j'essayais de remédier même si parfois cela se révéler très utile. Ce baiser, elle ne s'en fichait pas, je l'avais remarqué à son air lorsqu'elle en avait parlé. Pourquoi je l'ai embrassé ? Je n'en sais rien, une envie. Une de ses envie qui ne se contrôle pas, une de ses envies qu'on ne peut pas réfréner parce qu'on s'en sent incapables ou simplement parce que l'on n'en a pas envie. Je dus faire un effort surhumain pour faire comme si ce qu'elle m'avait dit ne m'atteignait pas. « Désolé... » J'écarquillai les yeux sous l'effet de la surprise. Venait-elle vraiment de s'excuser ? Et puis de toute manière même si elle l'avait fait ça ne changeait rien, je savais au fond de moi que je lui devais une bonne explication. Depuis le temps qu'on évitait le sujet, on ne pouvait pas constamment y échapper. « Écoute Lydie, t'as pas besoin de t'excuser, t'as raison. Je n'aurais pas dû t'embrasser... » Je remarquai son air déçu après que j'eus prononcé ma phrase et je m'empressai d'ajouter : « Pas de cette façon je veux dire. S'il y a bien une chose que je ne veux pas que tu penses c'est que je me suis foutu de ta gueule depuis le départ. Et tout ça n'a absolument rien mais RIEN à voir avec une autre femme que je n'aurais pas réussi à séduire. Tu sais autant que moi que je suis un grand séducteur, tu t'attendais à quoi de ma part ? À un baiser style fleur bleue ? Des bougies nous entourant, avec une chorale chantant "My heart will go on" ? Navré de te décevoir. Et peu importe les raisons qui m'ont poussées à t'embrasser, le fait est que ça s'est passé et qu'on ne pourra pas éternellement faire semblant qu'il n'y a rien eu. Alors ce que je te propose c'est de régler tout, ici et maintenant. » Je ne voulais pas qu'elle me dise qu'elle m'aime ou quelque chose dans le genre, je voulais juste qu'elle apprenne à avoir confiance en moi et qu'elle cesse de me voir comme un playboy qui ne sait qu'ouvrir sa braguette et non son coeur.

Vu la tête qu'il avait fait après la réplique que je venais de lui balancer en pleine figure, je compris qu'il était étonné et que je l'avais même peut-être blessé. En même temps, il faut dire que je n'y étais pas allée avec des pincettes. C'est l'un de mes principaux traits de caractère. Je suis quelqu'un de très honnête. Cependant, l'honnêteté, qui pourtant devrait figurer dans la liste des qualités, peut parfois s'avérer être un défaut quand c'est moi qui en fait l'usage. En effet, il m'arrive souvent de ne pas réfléchir à ce que je m'apprête à dire et encore moins aux conséquences que cela pourrait avoir. Je me suis d'ailleurs plusieurs fois retrouvée dans des situations pour le moins ennuyantes à cause de cette sale manie de toujours dire haut et fort ce que je pense. Mais je crois que ce qui l'étonna le plus fut le fait que je m'excuse. Tout comme Thomas, je ne suis pas du genre à m'excuser et surtout quand il s'agit de m'excuser auprès de lui. Alors, je comprend parfaitement son étonnement. « Écoute Lydie, t'as pas besoin de t'excuser, t'as raison. Je n'aurais pas dû t'embrasser... » Je fus étonnée et en même temps déçue par ce qu'il venait de dire. Donc, c'est bien ce que je pensais. J'avais raison. Ce n'était qu'un baiser, comme ça, parmi tant d'autres. Cependant, il s'empressa d'ajouter que ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait dire et qu'il ne voulait surtout pas que je pense qu'il s'était foutu de ma gueule quand il m'a embrassé. Encore une fois, je fus choquée par ce qu'il venait de dire. Mais choquée dans le bon sens. En fait, j'étais même rassurée. « Et tout ça n'a absolument rien mais RIEN à voir avec une autre femme que je n'aurais pas réussi à séduire. Tu sais autant que moi que je suis un grand séducteur, tu t'attendais à quoi de ma part ? À un baiser style fleur bleue ? Des bougies nous entourant, avec une chorale chantant "My heart will go on" ? » Ah ça non, certainement pas. Le côté romantique ne lui irait pas très bien. Quoique pour les bougies, il y en avait vraiment. Bon, c'est vrai que c'était parce qu'il n'y avait plus de courant dans l'appartement mais il y en avait quand même. « Navré de te décevoir. Et peu importe les raisons qui m'ont poussées à t'embrasser, le fait est que ça s'est passé et qu'on ne pourra pas éternellement faire semblant qu'il n'y a rien eu. Alors ce que je te propose c'est de régler tout, ici et maintenant. » J'étais d'accord avec le fait qu'on ne pourrait pas éternellement faire comme si rien ne s'était passé mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Et qu'entendait-il par régler tout ça ici et maintenant ? Il ne s'attendait tout de même pas à ce que je lui avoue tous mes sentiments ou alors que je me mette à lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Bon, c'est vrai qu'en ce qui concerne le fait de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur, c'était en parti déjà fait mais je n'allais pas me mettre à me confier à lui. Ce n'était tout à fait pas mon genre. « Eh bien d'accord... Mettons tous ça au clair. Je t'écoute. »

« Eh bien d'accord... Mettons tous ça au clair. Je t'écoute. » Sérieusement, c'était tout ce qu'elle avait à me répondre ? L'envie de l'envoyer valser me traversa l'esprit, elle n'était pas sérieuse tout de même ? Non, elle ne pouvait pas être sérieuse. Je me pris la tête entre les mains de façon à retrouver mon calme. Je ne savais pas quoi lui dire... Quelques minutes auparavant, mon idée me paraissait bonne, maintenant, elle l'était beaucoup moins. J'organisai une sorte de plan dans ma tête, sélectionnant les informations que je pouvais lui dire et celle que je n'avais pas envie de lui révéler. Je la regardai, elle m'observai attentivement, les bras croisés et le regard noir. Mais qu'est-ce que j'avais bien fais de mal ? J'avais beau me creuser la tête, examiner les moindres recoins de mon cerveau, aucune idée ne me vint à l'esprit. À part une... « Et si je te le montrais au lieu de te le raconter ? » Un sourire s'étira sur mes lèvres lorsque je vis le regard de Lydie se transformer. Elle avait l'air curieuse tout à coup. Je m'approchai d'elle, lentement, lui laissant le temps de reculer si elle le souhaitait. Elle ne le fit pas, heureusement d'ailleurs. Je m'approchai encore, plus près à présent, je pris sa main dans la mienne, mes doigts s'entrelaçant avec les siens. Je n'avais jamais été très doué pour avouer ce que je ressentais, j'avais donc trouver une autre solution, aussi claire me semblait-il. Mon visage était à quelques centimètres du sien, je pouvais sentir sa respiration, son souffle saccadé. Je la regardai droit dans les yeux, je voyais ses joues rougir au fur et à mesure que l'espace entre nous diminuait. Elle voulut parler mais aucun son ne sortit de sa bouche, je souriais tout seul, m'imaginant l'effet que je devais lui procurer pour qu'elle ne soit même pas capable de prononcer quelque chose. Je penchai légèrement la tête et pinçai ses lèvres vermeilles entre les miennes. Le baiser ne dura qu'un court instant mais c'était bien assez. J'avais remarqué qu'elle avait cessé de respirer lorsque mes lèvres étaient entrées en contact avec les siennes. Je la scrutai, étonné. « Puis-je savoir pourquoi tu as arrêté de respirer Blackhood ? Tu es suicidaire ou quelque chose comme ça ? Sérieusement, si t'as envie de mourir, je connais de meilleurs moyens. » J'étais vraiment choqué de sa réaction, je ne comprenais pas. C'était si nul que ça ? Ou peut-être bien que j'avais mauvaise haleine... Mais qu'est-ce qui m'arrivait à la fin ? C'était quoi ces questions idiotes ?

En parler ne m'enchantait guère. Et tout comme Thomas, apparemment, je n'avais rien à dire ou je ne savais absolument pas quoi dire pour être exacte. Mais ce que je ne comprenais pas c'est le fait qu'il m'ait proposé de régler ce petit problème alors qu'il ne savait, lui-même, pas quoi dire. Cela avait d'ailleurs le don de m'énerver. A croire, qu'il se foutait encore une fois de ma gueule. Je croisai alors les bras sur la poitrine, le fixant d'un air mauvais et attendant qu'il daigne enfin parler, car si il pensait que j'allais parler la première, il se mettait le doigt dans l'œil. « Et si je te le montrais au lieu de te le raconter ? » Me le montrer ? Je dois avouer que sur le moment, je ne compris pas vraiment où il voulait en venir. Et, bien évidemment, en éternelle curieuse que je suis, je voulais savoir. Ce n'est que lorsque Thomas se leva du fauteuil et s'approcha de moi que je compris ce qu'il voulait dire. Étonnée, pour la énième fois de la journée, je restai plantée là comme un piquet. Paralysée, je ne bougeai pas d'un millimètre. Je fus alors parcouru d'un léger frisson lorsque ses doigts vinrent s'entrelacer avec les miens et priai, à ce moment, pour qu'il n'ait rien remarqué. Alors que nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres, je compris à la vue de son sourire que mes joues venaient de prendre une teinte rouge. Pourtant, je ne suis pas du genre à rougir pour un simple baiser. Donc, autant vous dire que ma fierté en pris un coup. En effet, je suis loin d'être une fille timide, surtout avec les mecs. Alors rougir, qui plus est, devant Thomas c'était quelque chose que je ne pouvais pas accepter. Et pourtant, je n'arrivais pas à me ressaisir, à tel point que je ne pus même pas prononcer un seul mot quand l'envie me prit. Quand ses lèvres touchèrent les miennes, un deuxième frisson, plus fort que le précédent, se propagea dans mon corps. A cet instant, ma tête me disait de le repousser, que ça ne pouvait que mal se terminer et pourtant je n'en trouvai pas la force. Quand il mit fin au baiser, je restai immobile, les yeux fermés. « Puis-je savoir pourquoi tu as arrêté de respirer Blackhood ? Tu es suicidaire ou quelque chose comme ça ? Sérieusement, si t'as envie de mourir, je connais de meilleurs moyens. » J'ouvris lentement les yeux, à l'entente de sa phrase. J'essayai alors, tant bien que mal, de retrouver une respiration normale et, ayant remarqué que nos doigts étaient toujours entrelacés, je retirai ma main de la sienne d'un geste brusque. Je le regardai dans les yeux pendant un bref instant avant de détourner le regard. « Pourquoi t'as fait ça ? » Loin de moi l'envie de dire que cela m'avait déplu. Au contraire... Mais je n'étais certainement pas prête à avoir une quelconque relation amoureuse, que ce soit avec lui ou avec quelqu'un d'autre. Depuis notre précédent baiser, je n'avais cessé d'essayer de me convaincre que je n'avais aucun sentiment pour lui mais en une toute petite poignée de secondes, Thomas avait réussi à me faire douter.

Je remarquai après ma tirade qu'elle avait toujours les yeux fermés. Elle retira brusquement ses doigts d'entre les miens et persifla un : « Pourquoi t'as fait ça ? » Elle avait choisi d'ignorer mes questions, dommage. Et forcément, elle m'en posait une autre. Décidément, je ne la comprenais pas. Elle n'avait pas vraiment prononcé la réponse à laquelle je m'attendais. Elle me détestait, j'en étais presque sûr à présent. Honnêtement, je ne savais même pas pourquoi je m'accrochai à cette fille. Trop inaccessible. Je décidai tout de même de lui répondre « Arrête de répondre à mes questions par d'autres questions Lydie. J'ai fais ça parce que tu me l'as demandé. » Bon okay, techniquement elle m'avait pas demandé ça mais ça revenait au même. Je m'éloignai d'elle et me réinstallai sur mon fauteuil comme pour lui faire comprendre que la discussion était terminée et qu'elle pouvait partir si elle n'avait rien à ajouter. Je n'avais franchement pas envie de l'entendre de me dire quelque chose de désagréable une fois encore. Je pris une page vierge de mon bloc à dessin puis commençai à dessiner le portrait de Lydie dans les moindre détail. Je n'avais pas besoin de la regarder, je me rappelai de chacun de ses traits, un par un, presque à l'exactitude. J'espérai juste qu'elle ne remarque pas que c'était elle. Je doutai qu'elle prête attention à ce que je faisais, ça ne devait pas l'intéressait beaucoup. Au bout de quelques minutes, je crus qu'elle allait enfin partir mais elle n'avait toujours pas l'air décidée. Je ne comptai pas ouvrir la bouche, je n'avais rien à lui dire. Je me concentrai sur mon croquis, affinant chaque détail, chaque ombre, j'étais loin de l'avoir fini mais ça commençait vraiment à lui ressembler. Toute aussi belle qu'en vrai, ses lèvres, ses yeux... Tout était là sous mon nez, me donnant l'envie de me retourner et de la contempler. Mais je résistai, je devais dorénavant commencer à l'oublier. Elle ne m'aime pas, je ne l'aime pas. Tout devrait être aussi simple. Je ne l'entendis pas se rapprocher, je compris qu'elle était juste derrière moi lorsqu'une de ses mèches de cheveux tomba doucement sur les miens. Je m'empressai de cacher le portrait. C'était visiblement trop tard, elle ouvrit la bouche pour parler. J'aurais voulu me boucher les oreilles et me faire tout petit mais au lieu de ça, je me redressai et la regardai, droit dans les yeux.

« Arrête de répondre à mes questions par d'autres questions Lydie. » Je le regardai, étonnée. Pourquoi disait-il ça ? Sérieusement, que voulait-il que je lui réponde ? J'ai arrêté de respirer pendant une fraction de secondes certainement parce que j'étais trop étonnée par la tournure que prenaient les évènements. Et non, je ne suis pas suicidaire, loin de là. Mais je ne voyais absolument pas l'utilité de répondre à ces questions. J'étais bien trop occupée à me remettre de mes émotions et, plus important encore, à essayer de répondre aux dizaines de questions qui se bousculaient dans ma tête. « J'ai fais ça parce que tu me l'as demandé. » Je croyais que le pire était passé mais lorsque j'entendis sa phrase, je dus me résoudre à penser que ce n'était pas tout à fait le cas. Me prenait-il, une fois de plus, pour une conne ? Genre, c'est moi qui lui ai demandé de m'embrasser. J'ai dit que je voulais qu'on mette tous ça au clair, je n'ai pas dit que je voulais qu'on fasse un remake de notre baiser précédent. Je restai donc bouche béé. Non seulement il me mettait ce qu'il venait de se passer sur le dos mais en plus, il avait le culot de se rassoir et de faire comme si rien ne s'était passé. Je vous jure, ce mec allait me rendre folle et pas qu'un peu. Choquée, je le regardai sans bouger pendant qu'il reprenait son activité favorite qu'était le dessin. Je ne savais même pas quoi lui répondre tellement ce qu'il venait de dire me paraissait insensé. Je me contentais donc de pousser un long soupire de mécontentement. Soupire qui, apparemment, n'avait aucun effet sur lui vu qu'il ne daigna même pas lever la tête de son dessin. Ce mec est désespérant.

Voyant que cela ne servait à rien d'attendre, je m'apprêtais à quitter l'appartement mais en passant à côté de Thomas, je vis quelque chose qui m'intrigua fortement. Je m'approchai donc doucement de lui, essayant de ne faire aucun bruit. Une fois que je fus derrière lui, je me penchais légèrement afin de voir de plus près ce qu'il était en train de dessiner. Bien sûr, je ne vous cache pas le fait que j'étais à la fois étonnée et intriguée. Un petit sourire se dessina sur mon visage. Je devais tout de même avouer que son dessin était magnifiquement bien réussi mais une question me trottait dans la tête. Pourquoi avait-il soudainement décidé de me dessiner, moi ? Enfin bref, il faut croire que la discrétion et moi ça fait deux car à peine m'étais-je penchée un peu plus qu'il s'empressa de cacher le dessin et se redressa. Sur le coup, je sursautai. « Non mais ça va pas de te lever aussi brusquement ?! J'ai failli avoir une crise cardiaque, moi. » Je me mordillai la lèvre pour ne pas rire. Je fis ensuite le tour du fauteuil, m'approchant doucement de Thomas, et j'attrapai le portrait qu'il tenait dans ses mains. Je regardai ensuite le dessin, tout en m'éloignant de lui pour qu'il ne puisse pas me le reprendre. « Hum... J'aime beaucoup. Mais j'ai une question. Comment as-tu réussi à mémoriser tous ces détails ? J'veux dire, pour ça il faudrait que tu passes énormément de temps à me mater. Je me trompe ? » Je me moquais de lui, bien sûr. Mais pour une fois ce n'était pas méchant. Je continuais de marcher dans l'appartement, toujours le sourire aux lèvres. Je me mis à froncer les sourcils en fixant le dessin. « Euh... mon nez est vraiment comme ça ? J'pensais qu'il était un peu plus petit, moi... » Il faut dire que je suis très forte dans l'art de changer de conversation. Vous ne trouvez pas ? xD

Pour couronner le tout, elle fit mine de se reculer. Elle voulait vraiment ma peau cette fille. « Non mais ça va pas de te lever aussi brusquement ?! J'ai failli avoir une crise cardiaque, moi. » Son ton était bourré d'ironie et ça avait le don de m'énerver. Pourrait-elle un jour cesser de se foutre de ma gueule ? Sérieusement, je commençai à en avoir marre. Qu'elle soit méchante, ça passait, qu'elle soit indifférente, ça passait mais les vieilles vannes incessantes, au bout d'un moment, t'as du mal. Elle me prit rapidement le dessin des mains sans que j'eusse le temps de l'en empêcher. Puis, elle s'en alla à l'autre bout de la pièce pour éviter que je le lui reprenne. Ce que, de toute façon je ne comptais pas faire. « Hum... J'aime beaucoup. Mais j'ai une question. Comment as-tu réussi à mémoriser tous ces détails ? J'veux dire, pour ça il faudrait que tu passes énormément de temps à me mater. Je me trompe ? » Je ne préférai pas répondre, ces attaques personnelles, cette tendance qu'elle avait à toujours me narguer allaient finir par me tuer. Je la voyais en train de sourire, elle se moquait de mon portrait. Et ce que je détestais par dessus tout c'était bien ça. Vous savez la déception que vous ressentez quand vous êtes vraiment fiers de quelque chose que vous venez de faire et que quelqu'un arrive, et commence à se moquer de votre travail. Sérieusement ou non d'ailleurs, ça n'a pas d'importance. Dans ces cas-là, la moquerie reste de la moquerie. « Euh... mon nez est vraiment comme ça ? J'pensais qu'il était un peu plus petit, moi... » Elle en faisait exprès ou quoi ? Je ne savais vraiment pas ce qui m'empêchait de l'envoyer chier. De deux ou trois pas, j'arrivai à ses côtés et reprenais mon bien d'un geste sec. « Va en enfer Blackhood okay ? J'en ai marre de tes remarques désagréables. Tu te sers de l'ironie et tu changes de conversation pour ne pas avoir à dire ce que tu ressens. T'es incapable d'affronter la réalité. Tu te planques derrières tes phrases cinglantes comme un enfant se cache derrière ses parents quand il a peur. Tu as peur de ce que tu ressens pour moi Lydie ? C'est ça ? Non, parce que tu sais, ça m'effraye aussi hein. Mais si tu préfères continuer à te moquer, vas-y, fais-toi plaisir. Mais hors de chez moi ! » Bon, okay, je vous l'accorde, je n'étais pas le symbole de la gentillesse non plus mais le jeu qui se déroulait entre nous devait cesser. Je me posais beaucoup trop de questions pour savoir quand c'était sérieux et quand ça ne l'était pas. Et puis la taille de son nez, honnêtement je m'en contrefichai royalement. J'étais certain qu'elle aurait pu avoir un troisième oeil, elle serait toujours aussi belle.

Alors que je continuais de fixer les moindres détails que contenait le dessin, je sentis la feuille m'échapper des mains. Thomas venait de me reprendre ce qui lui appartenait d'un geste sec et l'expression sur son visage avait, comment dire... changé. Beaucoup changé même. Je n'aurais peut-être pas du plaisanter avec ça car apparemment ça ne lui avait pas beaucoup plu. Pourtant, pour une fois, je ne cherchais aucunement à être méchante. Bien au contraire. J'étais même plutôt flattée qu'il m'ait choisis comme modèle pour son dessin. Mon seul but était seulement de le taquiner, rien d'autre, et non de critiquer ce qu'il venait de faire car si il y a bien une chose qu'on ne peut pas enlever à Thomas, c'est son talent pour le dessin. Et c'est une chose, que même moi je reconnais. « Va en enfer Blackhood okay ? J'en ai marre de tes remarques désagréables. Tu te sers de l'ironie et tu changes de conversation pour ne pas avoir à dire ce que tu ressens. T'es incapable d'affronter la réalité. Tu te planques derrières tes phrases cinglantes comme un enfant se cache derrière ses parents quand il a peur. » Je pensais l'avoir énervé mais peut-être pas à ce point. Moi qui pensait qu'il était plutôt du genre à garder son sang froid - après tout, pour me supporter, il faut savoir rester calme en toute circonstance - je fus extrêmement étonnée. Sur le moment, je me sentis conne. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il avait réussi à me faire culpabiliser. En effet, je regrettai... Je baissai la tête, n'osant pas le regarder dans les yeux. « Tu as peur de ce que tu ressens pour moi Lydie ? C'est ça ? Non, parce que tu sais, ça m'effraye aussi hein. Mais si tu préfères continuer à te moquer, vas-y, fais-toi plaisir. Mais hors de chez moi ! » Je relevai la tête, outrée par ce qu'il venait de me dire. Et je ne vous cache pas qu'à ce moment là, ma main n'avait qu'une seule envie, celle de rencontrer sa joue gauche. Il prétendait me connaitre mais en fait il ne savait rien de moi. Rien du tout. Il osait me juger, me faire la moral mais il n'était pas mieux que moi. « C'est bon, tu as terminé ? Tu as finis de te défouler ou tu as encore quelque chose à ajouter ? » Je fermais les yeux pendant un bref moment et soufflais un bon coup. Si il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est qu'on m'accuse de tous les mots. « Que les choses soient bien claires Thomas. Tu n'es pas mieux que moi alors tu es très mal placé pour me faire la moral. Tu ne sais rien des sentiments que je peux ressentir et encore moins pour qui je les ressens. En fait, tu ne sais rien de moi. Tu n'as rien à me dire. Rien, tu m'entends ?! » Une boule se forma dans ma gorge et je tentais, tant bien que mal, de retenir les larmes de colère qui s'apprêtaient à dévaler le long de mes joues. Pourquoi étais-je en colère ? Tout simplement car Thomas avait raison sur toute la ligne. Mais ce qui m'énervait encore plus, c'est qu'il avait réussi à lire en moi aussi facilement car même si je le niais, il était certain qu'il en savait beaucoup sur moi ou du moins, plus que je ne le pensais.

Visiblement, j'avais dit le mot de trop, voire la phrase de trop. Lydie bouillonnait intérieurement à présent, je le sentais. Je la connaissais par coeur et même si je ne voulais pas me l'avouer, j'avais presque adopté sa façon de pensée. Je me préparai calmement à affronter la tornade qui allait suivre. Je savais que je l'avais mis en colère et je n'avais plus qu'à espérer qu'elle sache garder son calme. Chose qu'elle ne put visiblement pas faire. « C'est bon, tu as terminé ? Tu as finis de te défouler ou tu as encore quelque chose à ajouter ? » Question inutile évidemment, elle n'attendait aucune réponse et se contrefichait de savoir si j'avais fini ou non. J'attendis alors la suite, bras croisés sur ma poitrine. « Que les choses soient bien claires Thomas. Tu n'es pas mieux que moi alors tu es très mal placé pour me faire la moral. Tu ne sais rien des sentiments que je peux ressentir et encore moins pour qui je les ressens. En fait, tu ne sais rien de moi. Tu n'as rien à me dire. Rien, tu m'entends ?! » Ses paroles me firent l'effet d'une bombe, j'étais pire que furibond. Je l'avoue, c'est vrai que je ne suis pas mieux qu'elle. Mais je n'étais pas en train de lui faire la moral, je lui ouvrai juste les yeux. Mais cette phrase à propos des sentiments, elle l'avait persiflée. D'une telle façon que le seul sous-entendu que j'y décelai c'était que j'étais incapable de ressentir des sentiments. Et puis, elle non plus elle ne savait pas ce que je ressentait. De même qu'elle n'était pas au courant de ce que je savais ou ce que je ne savais pas. Je ne savais rien d'elle ? Vraiment ? Au contraire, je connaissais tout d'elle sur le bout des doigts. Les yeux fermés j'arriverai à compter ses jolies tâches de rousseur, je reconnaitrai son odeur entre mille autres. Alors de là à dire que je ne connaissais rien d'elle... C'était surtout ça qui m'avait mit en colère d'ailleurs. Je me rapprochai d'elle et la regardai droit dans les yeux. Le regard noir. Je tendis mon bras vers la porte en prononçant sèchement quatre mots. Quatre mots qu'elle pouvait faire semblant de pas avoir entendu. Quatre mot qu'elle pourrait effacer si elle arrivait à se confier. Mais quatre mots très clairs dans le cas contraire : « Hors de chez moi ! » A dire vrai, peu m'importait qu'elle parte ou pas, si elle ne le faisait pas ce serait moi qui partirait. Tant pis si c'était mon appartement, tant pis si cela signifiait qu'elle avait gagner. Si tout cela n'était qu'un jeu pour elle, je ne voyais pas de raison de rester. Enfin si, une seule, qu'elle avoue tout. Qu'elle fasse comme moi, même si j'avais nettement l'impression qu'elle avait fait la sourde oreille lorsque je lui ai dit que j'avais peur. De toute manière, si elle partait, je doute qu'elle voudrait que je la retienne.

Lorsque je le vis s'approcher de moi, je fis un pas en arrière. N'allez pas vous imaginer que j'avais peur de lui, bien au contraire. Ce fut seulement un simple réflexe de ma part, rien d'autre. Cependant, le regard qu'il me lança me fit froid dans le dos. Ce n'était pas la première fois que je voyais Thomas en colère - il faut dire que j'avais le don de le pousser à bout - mais les fois précédentes n'étaient rien en comparaison avec celle-ci. Je soutenais tout de même son regard. Je n'avais aucunement l'intention de me laisser intimider. « Hors de chez moi ! » Ces mots furent prononcés si sèchement que je fus secouée par un léger sursaut. Je le regardais dans les yeux, la bouche entrouverte, ne sachant que dire. Je le fixais, essayant de me convaincre qu'il n'était pas sérieux ou alors qu'il n'avait pas vraiment dit ces mots, que je me les avais juste imaginé. Mais je dus me résigner quand je vis que sont regard était toujours aussi noir, toujours aussi glaciale. Il était vraiment sérieux. Je baissai alors la tête pendant un millième de secondes, durant lequel un air déçu apparu sur mon visage que je m'empressais de chasser immédiatement, espérant qu'il n'ait rien vu. Je relevai alors la tête. Si il voulait que je parte, alors j'allais partir. De toute façon, je n'avais pas envie de me prendre la tête plus longtemps avec lui. Mais ce dont il pouvait être sûr c'est que si je partais maintenant, il n'allait plus me revoir avant longtemps. Étant une personne très rancunière, il est très rare que je pardonne et encore moins que j'oublie. « Comme tu voudras. » Je prononçai ces quelques mots de façon totalement sereine. Comme si aucune voix ne s'était élevée auparavant, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Je serrai ma veste contre moi et lui tournai le dos pour me diriger vers la porte. Cependant, après avoir fait quelques pas, je m'arrêtai et alors que j'étais toujours de dos, ces phrases s'échappèrent de ma bouche. « Tu es content de toi, je suppose ?! Tu as gagné. Une fois de plus, je fuis. De toute façon, comme tu l'as si bien dit je suis incapable d'affronter la réalité. Me cacher derrière des phrases cinglantes, c'est ce que je sais faire de mieux. » Quand on écoutait bien le son de ma voix, il était possible d'y déceler une pointe de tristesse. Cependant, je me ressaisis et repris la direction de la porte d'entrée.

Je vis soudainement un éclair dans son regard, un éclair de déception qui s'effaça aussi rapidement qu'il était apparu mais pas assez vite pour que je ne le remarque pas. J'eus soudain l'envie de ravaler ma phrase mais c'était trop tard. Je vis Lydie se diriger vers la porte d'entrée, alors que j'aurais préféré qu'elle reste et qu'elle m'enlace. J'ai tendance à me faire beaucoup trop de film. Je ne fus pas étonné lorsqu'elle répondit calmement. « Comme tu voudras. » C'était comme ça avec Lydie, elle changeait bien vite de caractère, tout comme moi d'ailleurs. Je ne regrettai pas ce que j'avais dis, non. Parce qu'après tout, c'était la vérité, mais j'aurais pu avoir un peu plus de tact. Le manque de tact, c'était tout moi ça. La chance me souriait tellement que je n'avais pas besoin de faire attention à ce que je disais pour être heureux, enfin, jusqu'à maintenant. « Tu es content de toi, je suppose ?! Tu as gagné. Une fois de plus, je fuis. De toute façon, comme tu l'as si bien dit je suis incapable d'affronter la réalité. Me cacher derrière des phrases cinglantes, c'est ce que je sais faire de mieux. » Je reconnaissais ce ton, je l'avais entendu une seule fois, lorsque Lydie s'était confiée à Chanelle à propos de son passé amoureux. Bien sûr, je n'étais pas censé l'entendre mais j'étais un curieux invétéré. Cette tristesse dans la voix résonna tout d'abord dans ma tête, puis dans mon coeur. Là où se trouvait vraiment la douleur depuis le début. Après tout, si je m'étais emporté, c'était à cause de mes sentiments et ça ne servait à rien de le nier. Je l'observai se rapprocher de la porte, ne sachant pas quoi faire. Une partie de moi avait envie de la laisser partir alors que l'autre mourait d'envie de lui attraper le bras et de la retenir. Finalement, je décidai de courir après elle et de lui bloquer le passage. « Non ! NON ! Non, ce n'est pas ce que je veux. Et je sais que si tu pars d'ici maintenant, je ne te reverrai plus avant longtemps. Et je ne veux pas te perdre Lydie Blackhood. La vérité c'est que je ne sais plus où j'en suis. La vérité c'est que tes phrases empoisonnées me rendent malades, la vérité c'est que j'en ai marre de ne pas savoir ce que tu penses. Et enfin, la pure vérité, c'est que je crois que... je t'aime. » Je n'avais aucune idée de pourquoi je lui avais dit ça, je sais juste que pour une fois j'avais laissé mon coeur parler. Et puis, même si elle ne partageait pas mon avis, j'attendrais...

Ce n'était pas la première fois que l'on se disputait tous les deux et ce n'était pas non plus la première fois que je décidai de mettre fin à l'une de nos conversations en prenant la fuite. Cependant, en temps normal, si on se chamaillait c'était pour des bêtises, des futilités, des trucs dépourvus d'intérêt en fait. Puis, quelques jours passaient mais au bout du compte tout était oublié. Mais cette fois, la raison de notre dispute semblait beaucoup plus importante, autant pour lui que pour moi. Mais comme il venait de le dire, affronter la réalité était l'une des choses que j'étais incapable de faire ou, du moins, que je ne me donnais pas la peine de faire. Sur ce point, il avait raison. Mais est-ce mal que je ne veuille pas parler de ce qui me fait souffrir ? Je ne pense pas. Si cela me permet de mieux me sentir, je ne vois pas pourquoi je devrais agir autrement. Alors, peut-être que je ne suis pas le genre de fille qui dit tout ce qu'elle ressent et peut-être que je passe ma vie à me cacher derrière des remarques blessantes mais ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas l'intention de changer, même pour quelqu'un que j'apprécie. Je me dirigeais donc toujours vers la porte et je ne peux pas vous cacher que sur le moment, j'espérais vraiment qu'il me retienne. C'était peut-être bête de ma part de souhaiter une telle chose car je savais que si je restais dans cet appartement, ne serait-ce que quelques secondes de plus, cette dispute risquait de durer indéfiniment. C'était un peu comme jouer avec le feu. Arrivée devant la porte, je posais donc ma main sur la poignée et m'apprêtais à ouvrir la porte. Seulement, je n'en eu pas le temps. En effet, Thomas venait de me bloquer le passage, se mettant entre moi et la porte. « Non ! NON ! Non, ce n'est pas ce que je veux. Et je sais que si tu pars d'ici maintenant, je ne te reverrai plus avant longtemps. Et je ne veux pas te perdre Lydie Blackhood. La vérité c'est que je ne sais plus où j'en suis. La vérité c'est que tes phrases empoisonnées me rendent malades, la vérité c'est que j'en ai marre de ne pas savoir ce que tu penses. Et enfin, la pure vérité, c'est que je crois que... je t'aime. » A l'entente de sa dernière phrase, il me fallu quand même plusieurs secondes pour comprendre ce qu'il venait de me dire. J'avais une étrange sensation, celle que tout se passait au ralenti. Ce qui contrastait parfaitement avec mon cœur, qui lui, cognait si vite et si fort dans ma poitrine que j'avais l'impression qu'il voulait en sortir. Mon cœur manqua un battement, puis deux, puis trois… Les secondes passaient et j'étais totalement incapable de décrocher mon regard de lui. « Je... » Ce fut le seul mot que je réussis à prononcer. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. A présent, tout était un peu confus dans ma tête. « Je ne sais pas quoi dire... » Vous trouvez que ma réponse est nulle à chier. Moi aussi mais à vrai dire, je ne savais pas exactement ce que je pouvais lui répondre. Il était clair que lui dire que je ne partageais pas ses sentiments serait comme lui mentir mais je n'étais pas non plus prête à lui dire que je l'aimais...

Je compris à son regard que je l'étonnai. Trop, visiblement. Il y eut un moment de vide dans ses yeux, comme si elle venait de partir loin et qu'elle n'avait pas l'intention de revenir. Je n'aurais pas dû lui dire, j'avais encore une fois trop voulu jouer avec la chance mais ça ne fonctionnait pas toujours. Elle ne m'aimait pas, je le savais bien mais j'aurais préféré me tromper. Finalement, je n'étais qu'un idiot qui croit encore en sa bonne étoile et peut-être que toutes ses remarques blessantes elle les pensait. Je n'écoutai qu'à moitié sa réponse... « Je... » Un seul mot, waouh. Effectivement, je devais vraiment être un gros nullard. J'affichai un regard triste, essayant de ne pas montrer la douleur que l'expression de son visage me procurait. « Je ne sais pas quoi dire... » Finalement elle aurait peut-être mieux fait de s'arrêter à je. Je ne savais pas quoi dire non plus, j'aurai voulu lui dire qu'elle n'avait rien à répondre et que je ne lui demandais rien mais ça aurait été faux. Une fois de plus, je préférai abandonner. « Écoute, oublie... Ouais, oublie ce que j'ai dit ce sera plus simple. On va faire comme si de rien n'était, ce sera moins gênant pour toi et encore moins gênant pour moi. Je te souhaite une bonne fin de journée et puis je crois que je vais aller déprimer en mangeant une glace, oui oui, faudrait mieux que je fasse ça... » Je me dirigeai vers la cuisine en me maudissant. Je n'avais pas vraiment dit ça tout de même. Mais quel idiot, le pire des dégonflés. Bravo Thomas, ça c'est un véritable homme ! Mais quel craignos. J'étais dans la cuisine à présent, un peu de solitude faisait du bien. J'essayais de mettre mes idées au clair mais c'était beaucoup trop chaotique. Je ne savais pas si Lydie était partie ou non, elle faisait ce qu'elle voulait. De toute manière, j'étais sûr que j'avais descendu grandement dans son estime. Je préférai ne pas y penser. J'entendis des bruits de pas, en direction de la porte ou en direction de la cuisine, je n'aurais pas su le dire...